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tinuer, sur les bords de la rivière Saint-Charles, ma vie obscure et ignorée.

Me croyant toujours l’objet des recherches de la justice, je n’osais revenir dans ma paroisse pour revoir ceux que j’aimais, et dont l’image était sans cesse présente à mon esprit.

Je retrouvai à Québec ce que le mal du pays m’avait fait perdre : le calme, la santé, l’amour du travail et la résignation à la volonté de Dieu.

L’air que je respirais, dans ce boulevard de la religion et du patriotisme, était bien, je le sentais, le même que j’avais respiré à l’ombre du clocher natal ! Cependant, pas plus à Québec qu’aux États-Unis, je n’ai pu retrouver ce que retrouve aujourd’hui : le bonheur !

Mais si j’ai été privé du bonheur durant vingt-sept ans, je ne dois m’en prendre qu’à moi-même, puisque je me suis sans cesse dérobé à votre amitié qui pouvait me le donner…

Aussi que de regrets me cause la conduite ingrate que j’ai tenue à votre égard, et combien j’éprouve le besoin de vous en demander pardon…

Pardon, à vous, mesdames et messieurs ! Pardon, à vous, vénérable pasteur ! d’avoir agi comme si j’eusse douté de votre tendresse et de votre dévouement !

J’espère que Dieu me permettra de réparer