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L’aîné de ses garçons, Victor, avait atteint sa dix-neuvième année. Il venait de terminer, dans un collège de Montréal, un cours classique très médiocre.

Disons que le père Lormier et son épouse avaient accordé la plus grande part de leur affection à ce fils, dont ils voulaient faire un homme de profession, un mesieu.

La meilleure place au foyer et le meilleur morceau à table avaient toujours été donnés à cet enfant privilégié. Celui-ci ne manquait pas de talents ; mais, gâté par la tendresse aveugle de ses parents, il était devenu orgueilleux, exigeant et paresseux.

Au physique, il ressemblait beaucoup à sa mère, qui était maigre et délicate, mais au moral, on ne lui voyait pas de ressemblance dans sa famille.

Le cadet Jean-Charles, âgé de seize ans, était l’antipode de son frère ; et, au moral comme au physique, il était le portrait de son père — véritable colosse — qui passait pour être un des hommes les plus forts de la province de Québec.

Jean-Charles sortit de l’école le lendemain de sa première communion.

Il aimait l’étude passionnément ; mais, en fils soumis et obéissant, il s’inclina devant la volonté de ses parents, qui voulaient faire de lui un habitant.