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D’ailleurs, un généreux désir lui était venu de se sacrifier pour son frère.

Certes, l’aîné ne faisait rien pour s’attirer les bonnes grâces du cadet. Au contraire, il l’abreuvait sans cesse d’injures. Mais Jean-Charles acceptait tout pour l’amour de Dieu et par respect pour ses parents.

Cependant, il n’avait pas renoncé à l’étude complètement. Il étudiait sous la direction du curé de la paroisse, M. l’abbé Faguy, qui avait pour lui l’affection d’un véritable père.

L’enfant travaillait le jour aux travaux de la ferme, et, le soir, pendant que les camarades se livraient aux jeux, lui, s’enfermait dans sa chambre où il peinait jusqu’à minuit et une heure du matin. Il faisait de rapides et réels progrès.

Durant les vacances, Victor, qui voyait dans cet excès de travail un reproche à son adresse, cherchait à humilier Jean-Charles et à le tourner en ridicule aux yeux de la famille. Mais ces humiliations ne semblaient pas produire d’effet sur l’esprit de Jean-Charles. Il laissait dire son frère, et continuait son travail. Cependant, trois ou quatre fois par mois, il fermait ses livres pour aller faire une partie de chasse en compagnie de son vénérable précepteur.

Jean-Charles maniait le fusil avec une grande