Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/218

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rien aux affaires et s’imaginerait que j’ai fait une chose très dangereuse. »

En réalité, était-ce dangereux ? Non, car au pis-aller, si Baret réclamait ses titres, Farjolle avait assez de crédit pour trouver cinquante mille francs en quelques jours. Verugna se ferait un véritable plaisir de les lui prêter. D’ailleurs, le commandant était guéri de la passion du jeu. Il était bien tranquille, aujourd’hui, le commandant ! Il jouait au bésigue, le baccarat l’épouvantait. Farjolle avait donc tout le temps désirable pour reconstituer le capital endommagé.

— Ce bon commandant, il a eu de la veine de tomber sur un homme comme moi.

S’il était tombé sur un homme sans scrupules, comme Selim, par exemple, le commandant était flambé. Qu’est-ce qu’aurait fait Selim à la place de Farjolle, ayant quatre-vingt mille francs à sa disposition ? Selim aurait spéculé avec cet argent et bientôt il ne serait plus resté un sou au commandant Baret. Selim risquait la police correctionnelle trois fois par jour, avec une grande sérénité d’âme. Il avait fini par succomber : c’était fatal.

Farjolle compara sa conduite à celle de Selim et se félicita encore. D’abord, un tiers de l’argent du commandant demeurait intact : trente mille francs. Ceux-là étaient sacrés, jamais Farjolle n’y toucherait. Selim, lui, aurait immédiatement risqué ces trente mille francs à la Bourse ou même au baccarat. Car il jouait au baccarat.

— Oui, je me rappelle, il passait ses nuits dans les tripots et taillait des banques avec l’argent de ses clients.