Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/24

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évidemment : « Quand on a des bottines comme ça, on paye ses dettes, »

— Je resterai ici tant que vous n’ouvrirez pas. J’en ai assez, à la fin, eh ! Monsieur !… Si ça n’est pas honteux de ne pas payer sa nourriture… Voulez-vous ouvrir, oui ou non ?

Emma se leva brusquement, en colère :

— Qu’est-ce que c’est que ce monsieur-là ?

— C’est le patron d’une table d’hôte où j’ai mangé l’année dernière… Je lui dois une note.

— Beaucoup ?

— Deux cents francs, je crois, à peu près.

— Il faut le payer, c’est assommant, ce potin !

Elle ouvrit la porte. Le créancier se précipita dans la chambre et s’arrêta court en voyant Emma, en camisole, qui le regardait courageusement. Il tendit un papier qu’elle lui arracha des mains.

— Asseyez-vous là, et tâchez de vous tenir tranquille. Je vais chercher de la monnaie… Vous n’aurez pas beaucoup de clients, vous, avec ces manières-là…

Elle traversa la rue, rentra chez elle et revint bientôt.

— Acquittez votre note, on va vous payer, dit-elle au créancier qui s’empressa de remplir cette formalité. Et il disparut, avec le remords de n’avoir pas fait à Farjolle un crédit plus important… Alors, Emma s’approcha de son amant, qui, assis sur le bord du lit, semblait tout penaud, et l’embrassa.

— Es-tu bête de te faire de la bile pour cette misère ! murmura-t-elle doucement. Tu me dois deux cents francs : voilà un malheur !

— Je les trouverai cette après-midi, je m’arrangerai, répliqua Farjolle, je ne veux pas de ça…