Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/32

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son installation : ça lui était égal. C’était une lointaine légende dont le souvenir n’excitait en lui aucun trouble. Ils n’en furent jamais gênés et en parlèrent à diverses reprises sans rancune : « Bah ! pensait Farjolle, ces machines-là n’ont plus d’importance, et qui est-ce qui n’a pas aujourd’hui quelque mauvaise histoire dans sa vie ? On n’y fait plus attention »

Emma, quoique bourgeoise, ne devint ni prude ni maniérée. Son libre langage de Montmartre s’atténua à peine, et juste ce qu’il fallait pour éviter le scandale. Et si, parfois, elle n’hésitait pas à dire devant Farjolle, en parlant d’une de leurs connaissances : « C’est un salaud » ou : « C’est un cochon », elle ménageait ses expressions dès qu’il y avait quelqu’un. Ainsi, elle passa bientôt dans Batignolles pour une femme maligne, élégante et distinguée.

Deux mois après leur emménagement, l’homme des Bretelles écossaises irrétrécissables, Borck, un Hollandais, cessa la publicité de ce produit, qui n’allait plus du tout. On s’était aperçu que les bretelles ne rétrécissaient pas, mais qu’elles cassaient, et cela avait suffi pour éloigner les acheteurs.

— La publicité a été mal faite, c’est sûr, dit Borck à Farjolle.

Celui-ci se rebiffa…

— Allons donc ! c’est de votre faute. Il ne fallait pas lésiner sur la réclame. Et puis elles cassent les bretelles… j’en ai fait l’expérience moi-même, vous ne pouvez pas dire le contraire.

— Possible, mais si la publicité avait été mieux menée, ça n’aurait rien fait, continua Borck, très entêté…