Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/80

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— Il est entendu, mon cher, que vous ne vous croirez pas obligé de faire à Emma une visite de digestion. Nous sommes des gens sans cérémonie, et vous n’allez pas grimper aux Batignolles pour cette bêtise.

Oui, une visite, avenue de Clichy, eût été exagérée. Le théâtre valait mieux et, dès qu’il rencontra Farjolle, il lui dit :

— J’ai une loge pour demain aux Variétés. Avez-vous vu la pièce ?

— Je ne vais jamais au théâtre.

— Je la mets à votre disposition, mon cher ami.

— Je vous remercie, ma femme sera enchantée.

— Vous la recevrez demain matin.

— Viendrez-vous avec nous ?

— J’irai, dans la soirée, faire un tour au théâtre, et présenter mes respects à Mme Farjolle.

Il loua une loge et l’envoya par la poste.

À l’occasion de cette sortie, Emma mit un chapeau neuf, des boucles d’oreille en diamant, présent du chef de bureau, et deux bracelets qui avaient la même origine. Elle sortait rarement ses bijoux qui étaient peu nombreux et de mince valeur, se contentant d’une alliance. La veille de leur mariage elle en avait acheté deux, une pour Farjolle et une pour elle.

Ils arrivèrent au lever du rideau. Au deuxième entr’acte, la porte de la loge s’ouvrit et Paul Velard se présenta, un sac de bonbons à la main. Farjolle et Emma ne s’amusaient guère. Lui songeait à ses clients ; elle, n’aimait pas la musique d’opérette ni aucune musique. Elle accueillit Velard très gracieusement, mangea coup sur coup plusieurs bonbons. Il s’assit à côté d’elle.