Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/81

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Le rideau se leva, Emma demanda à son voisin le nom d’une actrice qui lui paraissait jolie. Velard répondit qu’à la ville elle était plutôt vilaine et sans distinction.

— Vous la connaissez donc ? demanda-t-elle.

— Je l’ai rencontrée dans des soupers.

Ils écoutèrent. Velard cherchait, pour renouer la conversation à voix basse, derrière l’éventail rapproché, une tournure de phrase qui ne fût pas banale, indiquât qu’il l’avait remarquée, qu’il n’était pas venu au théâtre écouter simplement de la musique, comme tous ces imbéciles, bouche bée. Il ne trouvait pas. Il n’avait pas l’habitude de la galanterie discrète, détournée, composée d’allusions, de réticences et de sourires. Il se sentait plein d’inexpérience à ce jeu-là. C’était sa première affaire d’amour dans la bourgeoisie. Ah ! certes, si Emma eût été « collée » avec Farjolle, il n’aurait pas été embarrassé. Celui-là de jeu, il le savait, et par cœur. Il le jouait souvent avec succès. Parbleu ! il avait eu pour maîtresses des femmes mariées. Mais c’étaient des femmes mariées qui trompaient leur mari de fon-