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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/114

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vaient la même crainte d’aborder cette question et d’en brusquer les conséquences. Autour d’eux les passants se hâtaient. Les autobus roulaient à grand tapage. Que se seraient dit Léontine et Lampieur ? Ils avaient beau chercher leurs phrases, les bruits qui s’élevaient de tous côtés les empêchaient de se parler. En outre, il ne faisait pas encore nuit. Le jour à son déclin éclairait les façades et suspendait, dans le couloir des rues, comme un halo qui permettait d’y voir encore. C’était ce jour, ce halo qui troublait Lampieur et embarrassait Léontine. Sans lui, probablement, les mots seraient venus tout seuls et les phrases… Mais Lampieur redoutait de surprendre l’effet qu’elles produiraient sur Léontine, et en même temps il avait peur de ne pouvoir pas demeurer maître de lui devant cette fille dont il ne savait pas ce qu’elle pensait.

« Tout à l’heure, songea-t-il en se passant avec accablement la main sur le visage, ça vaudra mieux. »

Léontine demanda :

— On va chez Fouasse ?

— Non, répondit Lampieur, on va par là…