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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/12

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allait… Pas la peine de faire tant de bruit !… Pour douze sous de pain ! Il y allait parce qu’il voulait bien… Il n’y était pas obligé. Et qu’est-ce qu’elles fabriquaient, maintenant, au lieu de tirer leur ficelle ?

— Bon Dieu ! criait Lampieur, faut-il vous le monter ?

C’est qu’il ne pouvait voir sans déplaisir, le long du mur, cette ficelle qu’aucune main ne paraissait tenir, car elle lui rappelait l’horrible nuit où, de retour dans la cave qui servait de fournil, il l’avait trouvée, là, qui pendait, inerte, du soupirail, comme à présent… Qui l’y avait lancée, durant son absence ? Lampieur n’osait pas se le demander. Et il était resté, béant, à la considérer sans trouver rien d’abord à se dire, pour reprendre courage… À la fin cependant, il avait ramassé la ficelle dont un bout traînait sur le sol et il y avait attaché un gros quignon de pain. Puis il ne s’en était plus soucié et quelqu’un était venu qui, de la rue, avait remonté le pain et la ficelle, en silence, sous la pluie qui tombait…

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