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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/142

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de se croire le jouet d’une affreuse obsession et de ne plus savoir. Mais, tel détail venant à la rescousse, Lampieur reconnaissait, au retentissement qu’il avait sur sa conscience, que ce détail était exact et il s’en souvenait avec lucidité…

Cela le conduisit bientôt à essayer de rassembler le plus possible de ces détails et à se servir d’eux pour retracer, dans l’atmosphère qui l’avait entouré, le meurtre banal dont il était l’auteur. Mais alors Lampieur se troublait ; il cherchait à comprendre les raisons qui l’avaient décidé et il n’y arrivait que très imparfaitement, au prix de mille peines. Était-ce l’argent ?… Était-ce le goût du risque ?… Il y avait des deux sans doute dans son cas… Et parfois autre chose encore qui tenait à la nature même de Lampieur et qui s’expliquait par l’instinct obscur qui le poussait à exercer sur Léontine une sadique tyrannie.

Léontine ne s’en rendait pas compte. Pour elle, Lampieur ne se montrait brutal et insensible que parce qu’il avait commis un crime et cela suffisait à ses yeux pour le lui pardonner.