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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/144

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savait gré au fond d’elle-même et l’en remerciait… Par eux, du moins il le semblait à Léontine, elle découvrait un but, une raison d’être à sa lamentable existence et en était comme rachetée. C’était une existence nouvelle qui la purifiait de celle dont elle avait subi les quotidiennes souillures. Léontine s’exaltait… Tout son passé de fille l’aidait à se confectionner une espèce d’idéal, de vie ardente et supérieure, dont elle se sentait pénétrée. Grâce à cet idéal, qu’une fille seule était capable de placer si haut devant soi, Léontine ne regrettait rien. Peut-être même éprouvait-elle une âpre satisfaction à se rappeler quelles nécessités l’avaient, jour à jour, préparée à payer de son prix une telle transformation. Celle-ci n’était pas en contradiction avec ce qu’aimait Léontine et qui formait sa vie. Elle ne faisait, sans rien changer, que hausser Léontine sur un plan différent et prêter à la malheureuse un moyen étonnant d’être en accord avec elle-même et de n’en point douter… Elle n’en doutait plus à présent. Une sorte de félicité, mêlée à son tourment, l’attachait à Lampieur et la