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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/153

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s’écartaient ; des gens passaient contre la devanture ou, comme Lampieur, entraient et commandaient, debout, un café chaud qu’on leur apportait sur le zinc. Léontine appelait Lampieur. Il s’approchait, s’asseyait à côté d’elle et ils comprenaient, l’un et l’autre, au brusque regard qu’ils se jetaient, combien ils éprouvaient d’âpre satisfaction à se sentir unis… Ce seul regard leur suffisait. Puis Lampieur et Léontine faisaient signe au garçon qui les servaient ; ils partaient ensuite à petits pas, sans attirer sur eux l’attention de personne.

— Viens-tu ? disait Lampieur.

Léontine s’empressait de le suivre et ils rentraient ainsi rue des Prêcheurs, dans leur chambre, sous le toit, où ils n’avaient que la hâte de se coucher.

…Si Léontine l’avait voulu, c’est dans cette chambre qu’elle aurait attendu Lampieur au lieu de passer toutes les nuits dans le bar où elle se fatiguait et se laissait aller aux plus pénibles