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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/163

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posa la question. Mais non, Lampieur ne se moquait pas d’elle. Il parlait… il parlait toujours d’une voix confuse et altérée parfois, rauque, enrouée et il avait dans l’attitude une gaucherie sournoise d’homme qu’on accuse et qui s’applique en vain à se justifier.

Léontine pourtant se taisait. C’était lui qui revenait sans cesse à cette idée et qui la combattait sous toutes ses formes. L’argument qu’il prodiguait était que, la nuit même du crime, à l’heure où Léontine avait jeté ses sous et la ficelle, il dormait, — comme il en avait l’habitude, — dans le bûcher où se trouvait sa couverture. N’était-ce pas une preuve ? Qu’est-ce qu’une couverture aurait fait là, si Lampieur n’allait pas quelquefois s’y reposer ?… Et puis il en avait assez de s’évertuer à fournir une telle preuve ! Est-ce qu’il avait à se reprocher quelque chose ?… La police s’en serait sûrement mêlée. Lampieur n’avait pas peur de la police… Elle n’avait qu’à l’interroger. Il répondrait, mot pour mot, les mêmes phrases. D’ailleurs si, véritablement, Lampieur avait participé d’une façon quelconque au crime, des soupçons se