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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/175

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nuit. Dans des impasses, tout reposait. Léontine s’en apercevait et, continuant de marcher, elle était surprise de découvrir, où son attention se portait, le même calme uniformément répandu.

Elle n’en avait pas encore, comme ce soir, ressenti la mollesse ni éprouvé l’épais et bienfaisant enveloppement. C’était pour elle une sensation presque voluptueuse dans la détresse où elle vivait ; c’était comme une complicité. La malheureuse y reprit quelque espoir. Elle constatait une fois de plus qu’aucun danger ne menaçait Lampieur et, l’habitude aidant, elle oubliait la scène qu’il venait de lui faire pour imaginer qu’au matin il la rejoindrait, dans le bar, où il l’allait régulièrement chercher, avant de regagner sa chambre.

Devant ce bar, Léontine s’arrêta mais il n’ouvrait, selon les règlements, qu’entre trois et quatre heures du matin et Léontine n’en considéra pas longtemps la devanture fermée. Elle poursuivit sa route et, regardant, du côté où elle se trouvait, l’autre côté de la rue, elle reconnut l’entrée de la maison où Lampieur