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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/176

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avait commis le crime. D’ordinaire, quand elle passait en face de cette maison, Léontine ne s’attardait pas à en examiner la banale apparence. Elle détournait la tête et, pressant le pas, se dépêchait d’avancer. La simple vue de cette maison lui inspirait toujours un insurmontable dégoût. Elle lui faisait peur… Pourtant ce n’était qu’une maison comme les autres, médiocre, d’aspect vieillot. Son entrée, dont la porte brune ne restait plus entre-bâillée depuis l’assassinat, n’attirait en rien l’attention. Le jour, on distinguait, dans un long corridor, la pente brillante des murs, les marches tassées d’un escalier, les carreaux d’une loge. Léontine se rappelait certains détails : ils n’avaient pas de caractère. Seulement, dès que la porte, le soir, était poussée, tout semblait funèbre de cette maison. Ses volets clos, sa masse inerte lui prêtaient comme un air étrange. Est-ce que personne ne s’en apercevait ? Est-ce que Lampieur qui, — durant plus d’un mois n’osait jamais passer devant, — ne trouvait pas que cette maison était désagréable à voir ? Plusieurs fois, en longeant la façade,