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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/202

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sans aucun doute une folie et des plus graves, car si jamais on apprenait de Léontine quels aveux il lui avait faits, elle ne pourrait pas se démentir… Et quand bien même elle se démentirait ?… Lampieur tomba dans de tragiques perplexités. Il sentit que lui échappaient ses dernières chances et en prévit la fin.

Tout autre que lui n’aurait pas hésité : il se serait enfui. Lampieur ne s’y décidait pas. La raison qui, le lendemain du crime, lui avait dicté sa conduite, la lui dictait encore. C’était moins une raison qu’une sorte de lâcheté, d’inconséquence avec soi-même… Ne le voyait-il pas ? Cela n’empêchait rien. En outre, la terreur que lui inspirait l’idée d’être arrêté paralysait chez Lampieur toute initiative et l’emplissait d’une malsaine et obscure soumission. Elle agissait sur lui directement ; elle lui interdisait de réagir. Que pouvait-il tenter contre une pareille idée ? Il n’avait pas même le goût de ruser avec elle, de lui disputer — tout au moins — son repos ou de fonder, sur un hasard quelconque, l’espoir de reculer d’un seul moment l’heure de son destin. Un sentiment —