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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/203

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plus fort que celui de sa sauvegarde — le tourmentait. Lampieur ne lui résistait pas ; il se laissait aller à la dérive et, à la fin, c’était pour lui presque un apaisement, un engourdissement étrange et comme une espèce de puissante et machinale ivresse.

Oui, vraiment, une ivresse. Lampieur le constatait. Elle se manifestait de cent façons, toujours les mêmes et qui semblaient devoir à Léontine de multiplier leur vertige. Dans ce vertige, Lampieur se raccrochait sans cesse à Léontine. Il voulait croire qu’elle ne parlerait pas… Il voulait se persuader qu’elle resterait, quand même, sa complice… Était-ce trop lui demander ?… Lampieur parfois jugeait que non. Parfois, il perdait confiance et, alors, il se promettait d’obliger Léontine à dire quelles intentions elle nourrissait et si elles lui étaient hostiles.

Or, Léontine n’avait aucun motif de raconter ce qu’elle savait, non plus que de tenir rigueur à Lampieur, maintenant qu’elle avait, à demi, repris sa liberté. Elle l’avoua, tout simplement. Mais cette demi-liberté ne lui suffisait plus…