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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/208

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d’avance… Tant que Léontine l’avait aidé à supporter ses maux, peu importait, ou à peu près, à Lampieur qu’ils s’abattissent sur lui. Ils ne l’atteignaient qu’indirectement… Mais maintenant que Léontine ne le protégeait plus, Lampieur tremblait de se sentir découvert et il attendait pauvrement d’éprouver les premiers coups du sort pour n’y pas résister. Jusqu’alors et malgré leur violence, ils n’avaient point encore touché Lampieur dans le vif de la plaie. Quelles nouvelles détresses allaient-ils mettre à nu ? Quelles secrètes profondeurs allaient-ils labourer ? La lâcheté de Lampieur à cette seule menace lui égarait l’esprit. Elle lui faisait également tout craindre. Elle lui donnait de tout une égale épouvante et, plus il y pensait, plus il avait de peine à s’y plier et d’horreur à comprendre qu’il n’y échapperait pas.

C’est pourquoi Lampieur regrettait Léontine. Elle n’était plus là pour le détourner de l’objet de son tourment et l’irriter contre elle. Cela lui apparut si nettement qu’il en eut le frisson. Comment avait-il pu ne pas s’en douter autrefois ?…