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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/213

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se coucha point. Jusqu’au soir on le vit, dans les bars du quartier, boire et poser sur ses voisins un regard insolent. Il finit presque par s’enivrer…

Ses manières, son allure frappaient les gens d’étonnement. Elles étaient excessives et trahissaient une si baroque exaltation que Lampieur, seul entre tous, ne s’en apercevait peut-être pas ou négligeait de s’en apercevoir. Il n’en était pas responsable. Il pensait à cette concierge. Il se disait que l’heure était venue de prendre enfin une décision et il s’y sentait préparé. Pour lui, c’était comme l’annonce d’une réussite soudaine, au moment où il ne l’espérait plus. C’était comme une délivrance… Il s’enhardit… Le vin qu’il avait bu le grisait moins que son ambition et il ne douta plus, deux ou trois jours plus tard, de la réaliser.

Le temps qui lui restait, entre le terme d’octobre et celui de janvier, Lampieur l’organisa minutieusement. Il l’employa à mûrir son projet puis à en préparer l’exécution. Qui s’en serait douté ? Le matin, Lampieur sortait de la boulangerie et, quelquefois, au lieu de descendre