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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/216

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demi plongé dans l’hallucination du souvenir, il tenta de s’en dégager, encore que, près de lui, le corps de sa victime retombât lourdement dans les draps.

En ce moment, Lampieur n’aurait pu dire où il était. Il se leva du lit avec horreur et l’atroce vision se leva avec lui. Elle s’étala partout à ses yeux. Lampieur se secoua… Qu’avait-il à marcher dans la chambre, comme un animal enfermé ? Dieu merci, il n’en était pas encore là ! L’idée qu’il pouvait se conduire selon sa fantaisie le rassura ; cette idée cependant lui paraissait cocasse ; elle s’adaptait si singulièrement aux circonstances que Lampieur ne savait qu’en conclure. Était-il libre, vraiment, quand la terrible image de la vieille femme le harcelait au point qu’il éprouvait un anxieux besoin de l’écarter de devant lui ? Il aurait désiré de n’en pas douter… Mais l’image s’imposait. Elle accompagnait Lampieur, l’obsédait, le traquait… Quoi qu’il lui opposât, elle régnait alentour et Lampieur avait beau faire, elle régnait aussi sur lui et le taraudait sans répit.

À la fin, Lampieur cessa de résister à la pression