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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/217

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tenace de cette image et il tenta de s’y habituer. Du coup, son attitude changea. Il plia les épaules, son visage se crispa, et, tressaillant de tout son être, il s’effondra sous une telle infortune qu’il perdit jusqu’au sentiment de toute chose pour n’avoir plus que l’horreur de lui-même et du mal qui le déchirait.

Cette horreur passait tout en abomination. Elle unissait, au spectacle d’un lit étroit et dévasté, celui d’un corps renversé au travers, dans une funèbre et tragique immobilité. Puis, sur ce lit, la présence de la mort s’étendait. Elle était d’un tel poids, qu’entre les draps un trou s’ouvrait. Lampieur y était englouti, il y subissait le contact d’un corps froid et s’y débattait contre lui… Hélas ! plus il faisait d’efforts, plus l’impression d’être empêtré dans le creux de ce lit s’accentuait. Plus elle y enfonçait Lampieur, et celui-ci se lamentait, poussait mille clameurs inutiles et répétait :

— Pourquoi ? pourquoi ?

Personne ne répondait à son affreuse question. Lui-même n’y pouvait pas répondre encore. Il était entraîné dans d’infâmes profondeurs, à même