Aller au contenu

Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

interrogea plusieurs filles, les dépassa, s’égara dans des rues, puis, revenant sur ses pas, attendit, sans bouger de place, que le hasard lui envoyât celle qu’il voulait voir et servît son projet.

Il y avait, en effet, bien des chances pour que la malheureuse gagnât bientôt un de ces singuliers hôtels. Lampieur vit Mme Berthe y conduire un passant. Il reconnut, un peu plus tard, Renée… Mme Berthe descendit. Elle revint, presque sur-le-champ, dans la compagnie d’un autre homme, et Lampieur s’écarta de l’endroit où il était, afin qu’elle ne le reconnût pas… Un peu partout, dans ce quartier dont les resserres et de vagues entrepôts n’ouvraient qu’après minuit, des filles postées au croisement des rues proposaient leurs services. Lampieur en ressentit une amère humiliation. Il imagina Léontine, s’employant comme ces filles à une très basse besogne, et une espèce de jalousie l’irrita brusquement contre elle et la lui rendit odieuse.

— Pssst ! pssst ! Hep ! lui jeta, du trottoir opposé, une femme qui l’avait aperçu.

Lampieur n’eut pas l’air de l’entendre. I