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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/229

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l tira de sa poche une cigarette, l’alluma et, s’appuyant du dos à un mur de la rue, il fuma et courba la tête. Qu’espérait-il de Léontine ? Que voulait-il lui dire ? Elle le dégoûtait à présent… Elle ressemblait trop à ces mornes prostituées qui, battant le trottoir, s’offraient au premier homme venu et ne faisaient pas, entre cent, de différence. Il en eut presque la nausée et il songea qu’il avait tort de ne pas s’en aller, ni de ne pas tenter, ailleurs, de refaire seul sa vie.

C’était là son projet. Lampieur, fouillant dans sa veste, à gros doigts, palpa l’argent qu’il y avait placé. Le contact des billets de banque lui rappela son crime et les moments affreux qu’il venait de connaître. Lampieur se roidit : il retrouva toute sa rudesse, puis il pensa à Léontine et reporta sur elle mille souvenirs, et s’y abandonna… Ces souvenirs avaient encore du charme pour Lampieur. Ils lui permettaient d’entrevoir une existence possible, si Léontine acceptait de s’enfuir avec lui. Ne le lui avait-elle pas proposé ? Lampieur avait hâte de s’enfuir… L’argent, qu’il cachait dans sa poche, l’y aiderait.