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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/230

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Mais il fallait que Léontine l’accompagnât. Sans elle, il n’était bon à rien… il souffrait trop. Il se tourmentait trop. La journée qu’il avait vécue l’accablait. Il n’aurait pas eu le courage d’en supporter une autre. C’était au-dessus de ses forces et il eût renoncé à tout plutôt que de devoir passer une seconde fois par les transes de cette exécrable journée.

Cependant, Léontine ne se montrait point et Lampieur se demandait, avec inquiétude, si elle n’avait pas, la première, mis à exécution le plan qu’il projetait. Cela le consterna. Mais il se ressaisit et, lançant devant lui sa cigarette, il en alluma machinalement une autre et traversa la rue… Il y avait un bar, un peu plus haut. Lampieur le fouilla du regard, puis il se remit à circuler et à examiner l’intérieur de chaque bar qu’il trouvait sur sa route… Allant ainsi et s’arrêtant à la porte des moindres débits, Lampieur erra dans le quartier et, à mesure que ses illusions l’abandonnaient, il pensait davantage à Léontine et se reprochait sombrement de l’avoir, par sa faute, contrainte à s’en aller.

Qu’elle fût une fille pareille à celles qu’il