Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/23

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Or, il suffisait que Lampieur descendît dans le sous-sol de la boulangerie et qu’il s’y trouvât seul, devant le four, le pétrin, les panetons empilés l’un dans l’autre, contre un côté des murs, pour que l’idée de cette fille revînt le tourmenter. Elle ne s’imposait pas d’abord à lui, comme quelqu’un qui se lève du coin où il était assis et marche à votre rencontre. Mais elle était là, dans un coin de sa tête, assise et silencieuse et elle ne bougeait point… Elle semblait attendre. Et, chaque fois, Lampieur s’apercevait qu’elle était là et il était troublé… Qu’est-ce qu’elle attendait ? Voyons, il n’allait pas se mettre à avoir peur… C’était stupide. Alors, en alignant sur une planche les panetons où il semait deux ou trois molles poignées de farine avant de les emplir d’une pâte qui épousait leur forme, Lampieur allait, marchait, mettait du bois dans le foyer du four et chassait toute idée. Il avait tort de se laisser impressionner ainsi. Est-ce qu’il n’était pas de