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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/25

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pensait à la phrase de Fouasse et la certitude qu’une femme, comme l’avait dit le débitant, est toujours dans l’échec des entreprises les mieux conduites, lui ôtait maintenant l’envie de connaître cette femme. Hélas ! pourquoi y avait-il une femme, là-haut, le long du magasin ?… Lampieur l’entendait qui marchait. Qu’espérait-elle ? Qu’est-ce qui l’obligeait à faire les cent pas au-dessus de sa tête et à ne pas partir ? Quel but était le sien ? Voulait-elle, par sa présence de toutes les nuits, le forcer à sortir et à se compromettre ? Lampieur sentait que, s’il cédait à l’appel de cette volonté tendue vers lui, il se perdait… et non pas tant à cause du fait d’abandonner son travail pour approcher cette femme… que du besoin maladif qu’il éprouvait, dans de pareils moments, de lui parler et de lui faire préciser ses soupçons.

Déjà, dans le débit, près de ces filles dont il pensait tantôt que c’était l’une, et tantôt l’autre, Lampieur devait prendre sur lui de ne pas leur adresser la parole comme il en ressentait à présent le désir. Que leur aurait-il dit ? Non… non… Ce n’était qu’un désir… un de ces désirs