Aller au contenu

Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et insisté pour mieux se faire entendre ? Il tremblait alors qu’un passant, peut-être même un voisin, assistant à toute la scène, n’en eût, quelques jours plus tard, fait part secrètement à la police.

Il n’y avait là rien d’impossible. Ainsi cette fille, qui stationnait le long du magasin, obéissait à la police. Son but était visible. Elle tendait un piège. Elle voulait attirer Lampieur dans la rue et, une fois devant elle, comment Lampieur aurait-il fait pour ne pas se trahir ? Il n’était pas d’homme, dans ce cas, qui eût pu se défendre… Bien sûr, Lampieur n’avait qu’à nier qu’il fût sorti à l’heure du crime. Qui l’avait vu ? Voilà : il s’était endormi dans le bûcher contigu au fournil. Tout le monde peut être fatigué, n’est-ce pas ? Surtout dans ce métier de nuit, si pénible qu’il n’est presque plus en usage dans les boulangeries. Pouvait-on prouver qu’il ne se fût pas endormi dans l’autre cave ainsi qu’il l’affirmait ? Lampieur n’avait pas d’autre défense… Il ne démordait pas de là.

Mais qui donc le poussait si fort à se défendre ? On ne l’accusait pas. Bien plus, quand il