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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/33

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Lampieur de le faire ? Que risquait-il ?… Il ne risquait rien… Et puis, il n’était pas nécessaire d’appeler Léontine par son nom. Il n’y avait qu’à pousser comme un cri, ou qu’à siffler. Elle comprendrait. Elle se pencherait et il pourrait lui dire, en la voyant :

— Tiens… Qu’est-ce que vous voulez ?

En raisonnant ainsi, Lampieur s’écartait du soupirail et l’effroi de céder à la tentation d’appeler Léontine le jetait dans un état d’indescriptible exaltation. Il marchait dans la cave à grands pas, puis à la fin reprenait son travail et, les pensées les plus saugrenues lui arrivant en foule, se cramponnait à elles comme un homme, sur le point de se noyer, s’accroche à tout ce qu’il rencontre. Mais c’était des herbes bien fragiles que celles à quoi Lampieur demandait de le maintenir hors de l’eau… Elles ne pouvaient le supporter longtemps. Elles se rompaient ou bien elles échappaient à qui les saisissait et certaines, plus perfides, s’enroulaient après lui et le ligotaient. En vain apportait-il à son labeur une opiniâtreté de toutes ses