Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/34

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forces, bientôt il revenait à Léontine et une abominable pensée qu’il avait accueillie tout à l’heure, à cause du secours qu’elle semblait lui apporter, le tourmentait comme s’il eût dû, l’une après l’autre, essuyer les pires angoisses de la peur et de l’approche soudaine de la folie.

En effet, d’où venait cette voix qui disait : « Ce n’est pas Léontine qui est là-haut… Ce n’est pas elle… Peut-être est-ce une autre… Peut-être n’est-ce personne… Va voir ! Monte donc voir ! Tu as mal entendu… Il n’y avait jamais personne, les nuits où tu es sorti. Tu n’as jamais vu personne. Pourquoi veux-tu que l’on se soit caché ? C’est le bruit de la pluie qui t’a fait croire que quelqu’un, là-haut, se promenait ou s’arrêtait… Écoute !… Tu n’entends rien ?… Écoute ! Écoute ! Quel est ce bruit ? Tu ne peux pas rester dans cette incertitude… Va ! Monte !

— Monte ! ordonnait la voix.

Lampieur s’y refusait. Une ombre, celle de sa terreur, cognait les murs et titubait. Il la suivait des yeux intensément. Elle l’entourait d’une course enchevêtrée dans elle-même,