Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/35

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tombait, se relevait, s’appuyait au pétrin, essayait de l’escalader pour arriver à la hauteur du soupirail et tâcher à s’enfuir. Était-ce elle qui avait parlé ? Elle se taisait maintenant. Elle s’agitait dans un silence de cauchemar où l’on eût dit que mille clameurs se heurtaient sans écho, là, devant lui, mille clameurs qu’il n’entendait pas et qui pourtant retentissaient dans un fourmillement funèbre à travers tout son être.

Cependant, Lampieur tenait bon et ne voulait pas aller voir qui se trouvait dans la rue, car s’il n’y avait eu personne, comme la voix le lui avait soufflé, tout espoir d’échapper à la folie qu’il flairait alentour se serait évanoui et Lampieur n’aurait plus eu la force de rien tenter. Non. Il n’irait pas voir dehors qui était là… Il n’irait pas. Quel supplice !… Il ne voulait pas y aller et, durant un moment, la sensation qu’il pouvait avoir de se vaincre l’emplissait d’une espèce de malheureux triomphe.

Ce n’était pourtant qu’une trêve dans la lutte où Lampieur, à chaque retour de l’obsession contre laquelle il se débattait, reculait pas à