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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/53

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penchait et regardait dans la cave avec un sentiment bizarre d’étonnement et de stupeur. L’idée tout à fait ridicule qu’il eût laissé traîner quelque objet qui rappelât son crime le tracassait. Quel objet ? Était-il fou ?… Pourquoi voulait-il donc avoir oublié un objet de cette sorte ? Lampieur ne savait pas. Son regard, se posant partout à la fois, interrogeait chaque chose, les murs, le sol de terre battue, le pétrin, la planche qui le couvrait, la toile jetée sur les panetons, le bois cassé, deux vieilles savates, une serviette, des paniers et l’escabeau boiteux sur lequel, vers minuit, il s’asseyait parfois près du four pour y manger un bout de pain et de fromage. Une à une, il examinait ces choses avec lesquelles il vivait toutes les nuits et les retrouvait à leur place. Pourquoi n’y auraient-elles pas été ? Personne que lui n’en prenait soin. Pourtant il les considérait d’un œil méfiant comme si, par leur distribution et l’aspect qu’elles offraient, elles eussent été capables de révéler à Léontine ce que celle-ci leur demandait.

Léontine, debout au milieu d’elles, les contemplait