Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/71

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s m’avez crié de ne pas vous suivre, est-ce que vous pensiez que je vous écouterais ?

Lampieur leva un bras et le laissa retomber.

— Voilà, fit Léontine. On voudrait et on ne peut pas… Dites ! c’est plus fort que vous… Ça vous pousse… Ça fait comme si on ne serait plus soi-même…

Elle parut se recueillir, puis :

— Est-ce que vous avez mal ? demanda-t-elle.

Lampieur ne répondit pas. Il pétrit un moment le bord de sa casquette et s’arrêta.

— Moi, n’est-ce pas ? reprit Léontine, en s’arrêtant aussi, j’ai pas d’abord pensé à rien, la nuit, que je venais pour le pain… J’avais jeté la ficelle et mes sous…

— Bien sûr, articula péniblement Lampieur. Je sais…

Il examina, d’un air contraint et soupçonneux, les abords de l’endroit où il se trouvait et, tâchant à reprendre sur soi quelque assurance :

— Je sais, dit-il encore. Cette nuit-là, j’étais couché dans le bûcher à côté du fournil et j’ai entendu que quelqu’un appelait…

— J’ai appelé, reconnut Léontine.