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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/84

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manière à ce mur et retenue comme à présent. Léontine rassembla ses esprits. Elle reconnut la rue et se mit à trembler de tous ses membres et à claquer des dents.

— Mon Dieu ! Mon Dieu ! se plaignit-elle.

Elle crut que Lampieur ne l’avait pas quittée et que, debout, dans l’ombre, il ruminait d’obscurs et tortueux desseins. Des yeux, elle chercha Lampieur. Elle regarda de tous côtés et, ne le voyant pas, essaya de se ressaisir… Non, Lampieur n’était plus là. Léontine regarda encore ; elle se pencha. La rue, plongée dans une demi-obscurité, ne lui révéla rien. Un calme étrange semblait peser sur elle comme dans un songe.

— Où êtes-vous ? appela Léontine.

Là-bas, à des distances qui lui paraissaient être invraisemblables, la rue débouchait dans une autre rue où des lumières éclairaient les façades. À l’angle, des silhouettes d’hommes accumulaient sur ces lumières un grouillement paisible, épais… on eût dit calculé, de gestes et de mouvements. Et des voitures passèrent sous des bâches… les chevaux… les rayons des