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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/94

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embrouillée. D’autre part, Lampieur ne mettait plus les pieds chez Fouasse. Où pouvait-il aller ? Plusieurs soirs, Léontine l’attendit dans les environs du petit restaurant où il prenait jadis ses repas. Elle attendit en vain. Lampieur ne parut point. Il avait dû changer de restaurant. C’était fort simple. Mais il y avait dans tout cela quelque chose de bizarre dont Léontine était frappée et dont elle nourrissait sa peur… Cette peur devint bientôt si maladive que Léontine s’écartait, sans raison, des passants les plus inoffensifs. Tous prenaient, à ses yeux, une allure déguisée. Tous lui étaient suspects et la malheureuse en arrivait quelquefois à se demander s’il ne serait pas préférable pour elle de changer de quartier.

Celui qu’elle habitait en meublé, près de la gare de l’Est, avec ses boulevards animés et certaines de ses rues bien faites pour y proposer des échanges, ne lui déplaisait pas. Mais, dans ce quartier-là, comme dans tous les quartiers, les agents des mœurs font leur ronde et les femmes qu’ils surveillent n’ont rien à leur cacher. Qu’aurait pu leur répondre Léontine ? Elle était