Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 8.djvu/49

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CRIARDUS.

Vous m’aimez donc, Seigneur ? Oui, oui, oui, je vous aime.

SCANDÉE.

Je craignois de vous perdre, & vous m’aimez toujours !

CRIARDUS.

Oui, je vous aimerai le reste de mes jours :
Croyez-en mes serments ; à l’instant je le jure.

SCANDÉE. Elle se leve.

Est-il besoin, Seigneur ? votre parole est sûre,
Je n’en saurois douter. Mais parlons sensément,
Nous nous sommes assez livrés au sentiment :
Quel parti faut-il prendre avec un Roi perfide
Qui veut vous outrager ?

CRIARDUS.

Qui veut vous outrager ? Son pere étoit Hercide,
De ma mere l’amant. Sur la protection
Du fils j’ai trop compté, je le vois, l’action
De vous aimer le prouve ; & cependant qu’en dire ?
J’en eusse fait autant : qui vous voit, vous désire.

TROTAS.

Mais, en parlant ainsi, quel est votre projet ?
La Princesse l’a dit : il faut aller au fait.
Je ne vous comprends pas ; je le vois avec peine,
Vous n’en savez pas plus qu’avant toute la scene.