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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/147

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tête me tourne. Toute la nuit j’entends crier sur tous les tons, Sentinelle, prenez garde à vous ? Qui va là ? Halte-là ? Caporal, hors de la Garde ? Quel diable de jargon ! je ne dors point du tout. Vous riez, cependant rien n’est plus vrai, aussi je sens que je dépéris.

Le Comte.

Nous sortirons un jour, Lebrun, pour toi, tu peux sortir dès-à-présent, rien ne te retient.

Lebrun.

Ah, Monsieur le Comte ! croyez-vous que je sois capable de vous abandonner comme cela dans votre malheur ? Mais aussi, quelle diable de fantaisie de vous aller battre pour une femme que vous ne connoissez pas, & que vous ne connoîtrez peut-être jamais ?

Le Comte.

Et voilà la source de mon bonheur ! je suis bien éloigné de m’en repentir !

Lebrun.

Oui, ce diable d’homme meurt d’une maladie, six semaines après que vous l’avez blessé ; on prend de-là occasion de vous faire arrêter ; on vous envoie ici & vos biens sont mis en direction. Croyez-vous que votre Oncle ne