Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/150

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Le Comte.

Non, non, tu te trompes, c’en est fait, j’aime & c’est pour toute la vie.

Lebrun.

Je le veux croire. Eh bien, parlons sensément. La Marquise sortira d’ici, & vous, vous y resterez, & vous n’en deviendrez que plus malheureux ; on ne sait pas trop même ce qui l’y retient, sur-tout depuis deux mois que son frere qu’elle y avoit accompagné, est mort. Elle feint de ne pouvoir pas se séparer de la Commandante, mais celle-ci est trop ridicule, pour qu’il puisse y avoir une véritable amitié entr’elles.

Le Comte.

C’est ce qui fait que j’ose quelquefois me flatter…

Lebrun.

De quoi ? D’être aimé de la Marquise ? Chimère, vous dis-je, effet de l’amour-propre.

Le Comte.

Cependant, ses yeux semblent me faire entendre que je ne lui déplais pas, son regard, son sourire enchanteur, pénètrent mon ame, & me font espérer le sort le plus heureux.