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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/160

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n’avons point d’alertes à craindre de ce côté-là ; le Major me sert d’armée d’observation ; il est amoureux de la Commandante, il croit que je ne m’en apperçois pas, & je le laisse faire ; parce qu’il couvre mes démarches, qu’il ne la quitte pas, qu’il la harcelle continuellement, & qu’il ne lui donnera pas le tems de s’appercevoir de mes sentimens pour la Marquise.

Le Comte.

Cela est très-heureux.

Le Commandant.

Nous autres, Militaires, vous voyez comme nous savons tirer parti de tout. Ce que je désirerois de vous, le voici : c’est que vous fassiez connoître à la Marquise que mon cœur n’a pu résister aux attaques vives & réitérées de ses charmes ; que si j’ai le bonheur de lui plaire & qu’elle veuille de moi en légitimé mariage ; que sans attendre encore long-tems, vû la circonstance… Vous entendez, Monsieur le Comte ?

Le Comte.

Oui, oui, à merveille ; je vois que cette conquête vous étoit réservée & qu’elle vous convient très-fort.