Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/100

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nouveau régime politique établi par la Charte constitutionnelle dont l’empereur D. Pedro avait fait la base du trône de sa fille.

Dès la mort du roi Jean VI, la France avait reconnu le droit héréditaire du fils aîné de ce monarque, et avait émis l’avis que la loi fondamentale en vertu de laquelle l’empereur du Brésil ne pouvait ceindre la couronne de Portugal, ne créant pour ce prince qu’une incapacité personnelle, ne lui interdisait point de transmettre la couronne à sa fille, en vertu du principe de la succession féminine qui a toujours été appliqué en Portugal. Le cabinet des Tuileries s’était trouvé en plein accord sur ce point avec tous les cabinets de l’Europe, excepté celui de Madrid ; il agissait surtout conformément à l’opinion du prince de Metternich, qui, malgré son antipathie si prononcée pour les institutions libérales, patronnait chaleureusement le droit de dona Maria da Gloria, fille de l’archiduchesse Léopoldine d’Autriche. Un autre motif avait déterminé la France à combattre à Lisbonne le parti de l’infant D. Miguel : c’était le souvenir tout récent de l’attentat tramé par ce jeune prince, sous l’impulsion de la reine, contre l’autorité du roi son père. Cet attentat, inspiré par les passions absolutistes les plus violentes, avait gravement menacé l’influence française en Espagne, puisque le succès de l’infant D. Miguel aurait rendu plus insolubles encore, vis-à-vis du gouvernement de Ferdinand VII, les difficultés déjà soulevées par notre intervention. M. Hyde de Neuville, alors ambassadeur à Lisbonne, avait fait partager à sa cour ses ressenti-