Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/107

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tions politiques fort mal recommandées à leurs yeux par les noms de l’Angleterre et du Brésil. En fixant des règles pour la formation d’une assemblée dont les précédents historiques étaient confus et oubliés, les ministres déployèrent, contre les partisans de la charte anglo-brésilienne, un luxe de menace et d’arbitraire des plus inutiles. Il n’était pas nécessaire à cette époque de violenter l’opinion publique en Portugal pour obtenir des masses une adhésion à la royauté absolue, inspirée par leur foi religieuse et par leur haine de l’étranger. Mais, s’il est de l’essence de la démocratie rurale de n’être qu’un instrument de pouvoir fort indifférent aux droits de la liberté, il est aussi dans sa destinée de voir bientôt réformer ses arrêts par une force morale supérieure à la sienne. L’intelligence ne tarde jamais longtemps à prendre le pas sur le nombre ; à elle seule appartient l’avenir ; et quelle meilleure preuve en donner que ce qui se passe dans la Péninsule, où D. Carlos et D. Miguel représentaient, voici quarante ans, une majorité numérique incontestable, et où il ne se rencontre plus aujourd’hui, même au sein de l’anarchie la plus encourageante pour tous les prétendants, un seul partisan assez résolu pour relever le drapeau que ces princes y avaient arboré ?

Les incidents de la guerre civile et le besoin de gagner du temps firent retarder la réunion de l’assemblée appelée à revêtir d’une sanction légale la révolution déjà consommée. Ce fut seulement le 4 juillet, qu’en vertu d’une décision rendue par les trois États, l’infant D. Miguel, proclamé roi, comme seul héritier