Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/117

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guère consisté qu’à entasser, sous Charles III d’Espagne, les malheureux jésuites à bord des pontons comme une cargaison de nègres, et à ériger, sous le roi Joseph de Portugal, le bûcher sur lequel son ministre Pombal avait fait monter les prêtres les plus innocents et les plus pieux du royaume. Ceci nous conduisit à un sujet d’un intérêt beaucoup plus pressant. Le roi Charles X venait de signer les ordonnances du 16 juin 1828 qui fermaient, en France, tous les collèges de jésuites et plaçaient les petits séminaires sous une sévère réglementation administrative. Ces actes avaient provoqué chez M. O’Connell la plus vive indignation, et sa colère portait bien moins sur le roi, légalement dominé par un ministère responsable, que sur les catholiques français, à la conduite desquels il imputait ce déplorable événement.

« Voilà donc, s’écria-t-il, à quoi ont abouti toutes les mesures impopulaires réclamées par les hommes religieux dans vos chambres sous la précédente administration ! Voilà ce qui arrive lorsqu’on attend tout du pouvoir sans rien faire par soi-même, et sans rien demander aux institutions de son pays ! La promulgation d’une loi, au moins inutile, sur le sacrilège a conduit tous les pères de famille à se voir privés du plus sacré de leurs droits, celui de protéger la foi et les mœurs de leurs enfants ! et les jésuites qui, sans tenir aucun compte de la conduite des trois branches de la maison de Bourbon durant le siècle dernier, se sont si imprudemment compromis pour servir les intérêts de ces princes, les voilà soumis, avec l’approbation évi-