Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/118

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dente de l’opinion publique chez tous, à d’odieuses interdictions que l’Angleterre protestante ne connaît plus ! Si, au lieu de compter sur le gouvernement, vos prêtres avaient compté davantage sur eux-mêmes et sur la liberté, ils auraient eu plus facilement raison de vos philosophes sceptiques que je n’ai ici, moi, raison de nos fanatiques oppresseurs, et votre université qui va profiter de leurs fautes ne corromprait plus les générations à leur source. Mais pour comprendre ceci, il faut avoir confiance dans la liberté ; il faudrait surtout, lorsqu’on la réclame pour soi-même, la vouloir pour tout le monde, en se persuadant bien que c’est presque toujours notre faute si nous ne savons pas la faire profiter à la vérité.

« Voilà, monsieur, ce qu’il faudrait répéter sans cesse aux catholiques qui, sous l’action énervante de l’autorité, ont perdu l’habitude de se protéger eux-mêmes. Je n’entends pas la résistance dans le sens de vos révolutionnaires français, qui sont pour la plupart des impies et des démagogues de profession. Je ne conseille ni ne pratique la révolte ; et s’il rend complète justice à l’Irlande, Georges IV n’aura pas un sujet plus loyal que moi. Je ne pratique point la révolte pour deux motifs : le premier, que notre religion nous en détourne ; le second, que l’insurrection est presque toujours un moyen détestable pour obtenir des redressements. La ligne que j’ai toujours suivie me laisse sous ce rapport-là en paix avec ma conscience, en même temps qu’elle me donne dès aujourd’hui l’assurance d’un succès prochain. Si le succès était trop retardé