Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/90

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celui de la religion, ce que notre presse royaliste ne paraissait pas même soupçonner. Et cependant comme tout parti a ses ultras, y compris celui du despotisme, le menu peuple des villes se trouvait encore dépassé dans sa haine contre les constitutionnels et contre les Français par la démocratie rurale, que des bandes, dirigées par le trop fameux père Pugnal, conduisirent bientôt après, l’escopette au bras, à l’assaut des forteresses de la Catalogne et de l’Aragon.

Ferdinand VII avait repris l’exercice de son autorité avec une joie fort tempérée par la présence des Français. Il avait fait litière de tous les engagements qu’avait cru pouvoir prendre le duc d’Angoulême, généralissime de nos armées, particulièrement dans la célèbre ordonnance d’Andujar, où se trouvaient édictées certaines mesures pour garantir le parti constitutionnel contre les violences de ses adversaires ; il avait enfin servi à la fois et ses instincts personnels et ceux de son peuple, en faisant dresser de nombreuses potences et fonctionner la garotte. Mais la vieille Espagne ne s’était pas encore complètement retrouvée, car les bûchers ne se rallumaient point sur la place Mayor ; et pour cette populace semi-africaine, toujours affamée de spectacles sanglants, la restauration demeurait dès lors incomplète.

Le refus persistant opposé par Ferdinand VII au rétablissement de l’inquisition fut à peu près le seul grief indiqué par les Agraviados lors de la prise d’armes de 1827 contre le gouvernement royal. La persévérance singulière avec laquelle Ferdinand VII