Page:Carnot - Réflexions sur la métaphysique du calcul infinitésimal, 1860.djvu/143

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note relative au no 162


1. Il y a une analogie remarquable entre la théorie des quantités négatives isolées et celle des quantités infinitésimales, en ce que les unes et les autres ne sauraient jamais être employées qu’auxiliairement, et qu’elles, doivent nécessairement disparaître des résultats du calcul, pour que ces résultats deviennent parfaitement exacts et intelligibles : jusqu’alors ce ne sont que des formes algébriques plus ou moins implicites, et qui ne sont susceptibles d’aucune application immédiate.


2. Il paraît beaucoup plus difficile d’expliquer nettement ce qu’est une quantité négative isolée, que de comprendre ce qu’est une quantité infinitésimale ; car celle-ci, comme on l’a vu, est une quantité effective, au lieu que l’autre est un être de raison, puisqu’on ne pourrait l’obtenir que par une opération inexécutable.


3. Avancer qu’une quantité négative isolée est moindre que 0, c’est couvrir la science des mathématiques, qui doit être celle de l’évidence, d’un nuage impénétrable, et s’engager dans un labyrinthe de paradoxes tous plus bizarres les uns que les autres : dire que ce n’est qu’une quantité opposée aux quantités positives, c’est ne rien dire du tout ; parce qu’il faut expliquer ensuite ce que c’est que ces quantités opposées, recourir pour cette explication à de nouvelles idées premières semblables à celles de la matière, du temps et de l’espace, c’est déclarer qu’on regarde la difficulté comme insoluble, et c’est en faire naître de nouvelles, car si l’on me donne pour exemple de quantités opposées un mouvement vers l’orient et un mouvement vers l’occident, ou un mouvement vers le nord et un mouvement vers le sud, je demanderai ce que c’est qu’un mouvement vers le nord-est, vers le nord-ouest, vers