Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/109

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que vers minuit son mari sortait du lit tout doucement pour aller courir aventures ; mais elle pensait qu’il la laissait ainsi pour des rendez-vous avec d’autres femmes ; aussi, un jour, se plaignit-elle fort vivement à son mari de ce qu’il avait des maîtresses dans le village.

— « Je ne sors point pour des femmes, tu peux en être sûre, lui répondit l’homme. Je ne puis t’en dire davantage. Si tu aimes de la compagnie, je t’en enverrai demain soir dès que je serai sorti, car je m’en irai un peu plus de bonne heure que de coutume. Compte sur ma parole. »

Le lendemain soir venu, l’homme se rendit au sabbat, et la femme, restée seule, entendit bientôt frapper à la porte.

— « Ce sont les amis que m’a promis mon mari ! » pensa-t-elle. Et elle alla ouvrir. Elle recula saisie de frayeur à la vue de deux loups énormes qui entrèrent en hurlant et allèrent se placer de chaque côté de la grande cheminée. La femme dut passer la soirée avec les deux loups, qui semblaient prêts à tout instant à se jeter sur elle.

Minuit arriva ; deux petits coups furent frappés à la fenêtre, les loups disparurent on ne sait trop