Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/110

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comment, et le paysan rentra en disant à sa femme :

— « Tu m’avais demandé de la visite, tu en as eu ! »

(Conté en 1880, par M. Émilien Guilbert,
d’Englebelmer [Somme]).

IV

les sorts



Le berger d’un village ne peut conduire son troupeau sur les terres du village voisin : c’est la coutume de Picardie. Le berger de Senlis l’oublia un jour, et conduisit ses moutons sur le terroir d’Englebelmer[1]. Mais le soir venu, lorsqu’il voulut retourner à Senlis avec son troupeau, aucun des animaux ne voulut le suivre ; il eut beau les frapper à coups de bâton, crier, jurer, « aherdre » les chiens, rien n’y fit, et ce qui lui parut le plus extraordinaire, ce fut de voir ses chiens rester tête basse, la queue entre

  1. Englebelmer ; Senlis, villages près d’Albert.