Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/122

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t’ennuyer beaucoup ; viens donc dans quinze jours, à pareil moment, me demander à souper. Je suis fort curieux de manger avec un mort. Je t’attendrai vers neuf heures du soir ; ne l’oublie pas. D’aujourd’hui en quinze, hein ?

— Oui ! » répondit la tête de mort.

Le jeune homme replaça la tête parmi les ossements, souffla sa chandelle, replia son drap et revint chez lui.

Le lendemain et les jours suivants il rit beaucoup en entendant raconter par les fileuses l’apparition terrible de la veille. Quelques jours se passèrent et le paysan ne songea plus à la tête de mort et au souper auquel il avait invité celle-ci.

Le soir du quinzième jour, vers l’heure fixée, il venait de se mettre à table pour souper, sans penser au mort, quand il entendit dans la cour une sorte de froissement singulier.

— « C’est la grêle qui crépite en tombant, » pensa le jeune homme.

Deux coups secs furent frappés à la porte.

— « Qui est là ?

— Ouvre, c’est moi.

— Qui, toi ?

Moi ! »