Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/123

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Le paysan ouvrit la porte, et un spectre, un squelette, plutôt, revêtu d’un long suaire gris sale, tout en lambeaux, entra dans la maison.

Le jeune homme se ressouvint de la promesse faite au cimetière et vit que le mort venait souper avec lui. Sans s’en effrayer davantage, il lui offrit une chaise à la table et le fantôme s’assit en produisant, par l’entrechoquement de ses os, ce bruit de grêle tombante qui avait frappé le paysan quelques instants auparavant.

Le souper se composait d’une excellente soupe à l’oseille, dont le mort mangea une bonne assiettée ; d’une fricassée de mouton, de salade et de beurre frais qui parurent fort du goût du singulier convive assis devant le jeune homme. On but quelques bonnes bouteilles de cidre mousseux et la tête du jeune homme ne tarda pas à lui tourner. Il chanta toutes les chansons qui lui revenaient en mémoire, et de temps en temps le mort faisait chorus, paraissant tout aussi animé que le chanteur.

— « Si nous dansions ? dit à la fin le jeune homme.

— Dansons ! »

Et le mort se mit à danser une danse folle avec