Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/124

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le paysan, pendant que ses os s’entrechoquaient avec un bruit d’enfer.

Minuit vint et le jeune homme, fatigué, éprouva le besoin de se coucher. Il le dit au fantôme qui, cessant de sauter par la chambre, reprit sa place à table de la façon d’un homme qui ne veut pas se retirer.

Une heure du matin sonna à l’église et le paysan, n’y tenant plus, alla se coucher, laissant son compagnon sur sa chaise. Le jeune homme était à peine couché qu’un nouveau bruit d’ossements agités se fit entendre et que le squelette vint se coucher à côté du vivant. Cette fois celui-ci eut peur ; il tremblait de tous ses membres : il eût voulu crier et appeler du secours, mais il ne pouvait articuler une seule parole. Terrifié, il dut se borner à se coucher dans un coin du lit pour éviter le contact glacé des ossements du mort. Il ne put dormir de la nuit.

Vers quatre ou cinq heures du matin, le coq se mit à pousser un joyeux coquiacou ! coquiacou ! pour annoncer l’approche du jour. Le squelette se réveilla, se leva tout d’une pièce et disparut en disant au jeune homme :

— « Je ne veux point être en reste avec toi.